RETOUR SUR L'HISTOIRE • “Le massacre d’Hébron n’était pas un pogrom”
En 1929, des violences interethniques
ont fait des centaines de morts parmi
la population juive et arabe de la ville. L’historien Tom Segev rappelle
que de nombreuses familles juives
ont été sauvées par des Arabes.
27.08.2009 | Tom Segev | Ha'Aretz
Le 24 août a marqué le 80e anniversaire du massacre d’Hébron. Le
récit israélien convenu de ce massacre est l’œuvre de feu Rehavam Zeevi
[ministre d’extrême droite assassiné en 2001 par le FPLP]. “A l’exception de quelques personnes qui ont abrité leurs voisins juifs, tous les Arabes d’Hébron ont participé au massacre”,
a-t-il rapporté, présentant cet événement comme un pogrom. C’est faux,
car la plupart des Juifs d’Hébron ont été sauvés par leurs voisins
arabes. La veille du massacre, il y avait entre 600 et
800 Juifs à Hébron. Ils appartenaient aux communautés religieuses
ashkénaze et séfarade. Le 24 août 1929, 66 d’entre eux
ont été assassinés et des dizaines d’autres grièvement blessés. Les
témoignages des survivants sont proprement insoutenables.
Le massacre d’Hébron n’a été qu’une des violences les plus terribles parmi toutes celles qui ont éclaté entre Juifs et Arabes en ce jour le plus sombre du mandat britannique sur la Palestine. Au total, 133 Juifs et 116 Arabes ont péri. La plupart de ces Juifs n’étaient pas sionistes et beaucoup parmi eux s’opposaient activement au sionisme. Apparemment, leurs meurtriers étaient motivés par la haine religieuse et ne faisaient pas la distinction entre Juifs sionistes et antisionistes. Pour autant, le massacre d’Hébron n’a pas été un “pogrom” au sens historique du terme, dès lors que, contrairement aux agressions commises contre les Juifs en Europe orientale, il n’a été ni encouragé par les autorités ni couvert par les forces de l’ordre. L’unité de police britannique stationnée à Hébron était trop faible, mais son commandant, Raymond Cafferata, a fait de son mieux pour sauver le plus de gens possible. Trente ans plus tard, le Premier ministre israélien David Ben Gourion a même écrit : “Qu’aurait pu faire un simple officier britannique dans une ville comme Hébron ?”
Les archives sionistes ont conservé la liste des Juifs qui ont pu se réfugier chez des Arabes. Cette liste compte pas moins de 435 noms, ce qui signifie que plus de la moitié de la communauté juive d’Hébron a trouvé refuge dans 28 maisons arabes, certains Arabes parvenant à cacher plusieurs dizaines de Juifs. Quelques mois après le massacre, les dirigeants juifs ont discuté de l’opportunité d’envoyer des lettres officielles de remerciement aux Arabes [palestiniens] grâce auxquels les Juifs d’Hébron avaient eu la vie sauve. Le célèbre avocat Chlomo Horowitz, qui représentait de nombreuses victimes du massacre, s’y est catégoriquement opposé. Il a cependant suggéré de remercier un médecin d’origine égyptienne, le Dr Abdel Aal, qui se trouvait à Hébron le jour du massacre et qui avait soigné les blessés et sauvé une famille entière. Pour Horowitz, ce choix s’expliquait par le fait que le Dr Abdel Aal était un individu éclairé, antinationaliste et uniquement mû par son devoir de médecin.
C’est ainsi qu’un représentant officiel de l’Agence juive a adressé au seul Abdel Aal une lettre de remerciement et de reconnaissance au nom de tous les Juifs de la Terre d’Israël.
Le massacre d’Hébron n’a été qu’une des violences les plus terribles parmi toutes celles qui ont éclaté entre Juifs et Arabes en ce jour le plus sombre du mandat britannique sur la Palestine. Au total, 133 Juifs et 116 Arabes ont péri. La plupart de ces Juifs n’étaient pas sionistes et beaucoup parmi eux s’opposaient activement au sionisme. Apparemment, leurs meurtriers étaient motivés par la haine religieuse et ne faisaient pas la distinction entre Juifs sionistes et antisionistes. Pour autant, le massacre d’Hébron n’a pas été un “pogrom” au sens historique du terme, dès lors que, contrairement aux agressions commises contre les Juifs en Europe orientale, il n’a été ni encouragé par les autorités ni couvert par les forces de l’ordre. L’unité de police britannique stationnée à Hébron était trop faible, mais son commandant, Raymond Cafferata, a fait de son mieux pour sauver le plus de gens possible. Trente ans plus tard, le Premier ministre israélien David Ben Gourion a même écrit : “Qu’aurait pu faire un simple officier britannique dans une ville comme Hébron ?”
Les archives sionistes ont conservé la liste des Juifs qui ont pu se réfugier chez des Arabes. Cette liste compte pas moins de 435 noms, ce qui signifie que plus de la moitié de la communauté juive d’Hébron a trouvé refuge dans 28 maisons arabes, certains Arabes parvenant à cacher plusieurs dizaines de Juifs. Quelques mois après le massacre, les dirigeants juifs ont discuté de l’opportunité d’envoyer des lettres officielles de remerciement aux Arabes [palestiniens] grâce auxquels les Juifs d’Hébron avaient eu la vie sauve. Le célèbre avocat Chlomo Horowitz, qui représentait de nombreuses victimes du massacre, s’y est catégoriquement opposé. Il a cependant suggéré de remercier un médecin d’origine égyptienne, le Dr Abdel Aal, qui se trouvait à Hébron le jour du massacre et qui avait soigné les blessés et sauvé une famille entière. Pour Horowitz, ce choix s’expliquait par le fait que le Dr Abdel Aal était un individu éclairé, antinationaliste et uniquement mû par son devoir de médecin.
C’est ainsi qu’un représentant officiel de l’Agence juive a adressé au seul Abdel Aal une lettre de remerciement et de reconnaissance au nom de tous les Juifs de la Terre d’Israël.